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Photo de Pierre Amilhat (@pehattitude)
"Certains vont chez le psy, moi je rap"
Il y a cinq jours, entre deux petits Casanis dans un coin du Lot, je découvrais un artiste de plus, un rappeur qui m'a beaucoup plu dès le début.
Sur un coup de tête je décide d'accélérer la création de À Bon Entendeur et je me lance en lui envoyant un message pour lui proposer de faire un article sur lui. Peu de temps après, il accepte. Et aujourd'hui, je vous présente cet artiste qui, à mon sens, à tout ce qu'il faut pour persévérer et qui connait déjà un très beau départ dans la musique, et tout particulièrement dans le rap.
Trêve de blabla!
Il se nomme Elpea et si vous regardez bien sur la gauche, c'est un garçon assez posé et droit dans ses baskets (quoique sur la photo un peu moins (rires)).
Belle découverte donc.
Le 10 Août dernier, il sortait son troisième EP intitulé "Drapeau à Damier" et j'ai eu comme l'impression que ça allait connaître un beau succès. Entre les instrus chill et les paroles proches de dire "pourquoi on profiterait pas tout simplement de la vie?", Elpea nous amène sur son continent à lui, bien fidèle et tranquille.
Bien loin des tracas quotidiens, il "évacue tout c'stress" (Summer) de l'année passée et emporte le nôtre avec. D'ailleurs, comme il le précise dans le premier titre de son EP, il a bien l'intention d'emmener ses auditeurs avec lui et leur souhaite "Welcome" sur son troisième projet.
Enfin vous l'aurez bien compris, Elpea c'est avant tout des bonnes vibes, du kiff et des journées "À l'aise Blaise" (Interlude).
Véritable coup de cœur sur ce jeune artiste, j'ai creusé plus loin en l'interviewant et en lisant ses réponses au moment de faire le montage, mon coup de cœur s'est confirmé. J'ai pris un immense plaisir à le lire, et j'espère que cela vous plaira aussi.
C'est en écoutant le dernier album de Trippie Redd ("Life's a Trip"), que Elpea répond à mes questions.
Je vous met un de ses sons juste en dessous.
L'interview
Pourquoi « Elpea" ?
Salut, alors mon nom de rappeur n’a rien d’exceptionnel. C’est en fait un pseudonyme que j’utilise depuis tout petit sur internet, qui vient de mes initiales « LPA » auxquelles j’avais rajouté des e pour la forme. Pour la petite histoire j’avais copié mon père qui a comme initiales « JCA » qui est devenu jicéa (rires). J’ai pensé a changer de nom, puis avec le temps je m’y suis fait, l’important c’est la musique qu'il y a derrière, pas le nom.
Elpea ça fait combien de temps ?
Je pense que c’était en terminale, il y a 6 ans, où j'ai commencé à écrire des trucs dans ma chambre, pour m’amuser. À l’époque il y avait toute cette vibe autour de 1995, l’Entourage et les rap contenders etc… J’ai commencé à vraiment m’enregistrer y’a 2-3 ans, c’est vraiment récent, c’est le début, mais plus j'avance plus je me dis que j’ai vraiment envie de faire un truc dans la musique et dans le rap…
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Si tu devais décrire « Drapeau à Damier » en deux mots
Arrivée et départ : Drapeau à damier. Comme je te l’ai dit précédemment, je pense que cet album c’est la fin, l’arrivée de quelque chose, d’une étape dans ma vie personnelle : la fin des études et de celle d’étudiant. Mais aussi dans la musique la fin de l’amateurisme et de la recherche de soi. Toutefois, c’est aussi le départ de nouvelles choses, de nouvelles aventures autant professionnelles que musicales…. En bref j’ai fini la 1ère course de la saison mais y’a le championnat à gagner (rires).
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Dans "Demain" (Coucher de Soleil) tu parles de tes rêves de gosse, c’était quoi le tien ?
Mes rêves de gosses? ça fait longtemps, je me rappelle pas vraiment si j’ai eu un rêve précis, un objectif en étant gamin mais j’ai toujours eu l’envie de laisser quelque chose de positif de mon passage sur Terre haha. Aujourd’hui, je pense que je suis sur la bonne voie, avec mon futur métier de prof à la rentrée et avec le rap, j’ai l’air de transmettre des bonnes vibes et c’est l’objectif ! Sinon, j’ai comme grand rêve de faire le tour du monde, de voyager, et de rencontrer de nouvelles cultures, des personnes nouvelles, j’aimerai bien que ce soit grâce à la musique, mais ça c’est peut-être une utopie. Le temps nous le dira…
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À ce que j’ai pu voir, la sortie de Drapeau à Damier, il y a 4 jours, a été un franc succès. Qu’est-ce qu’on ressent quand son propre projet est aussi bien reçu ?
Ouais, la sortie du projet dépasse toutes mes attentes, beaucoup de gens ont partagé le projet, j’ai eu de supers retours de mon entourage et même de personnes externes. Les gens ont l’air de s’apercevoir du chemin parcouru depuis Coucher de soleil. Les écoutes du projet sont vraiment bonnes, et les retours aussi, ça me rend super fier et super heureux de mon travail, ça me donne envie de continuer à bosser, à m’améliorer et à me professionnaliser dans le son pour sortir un 4ème projet vraiment béton. Je vais essayer de contacter les labels pour voir ce que je peux en faire. J’espère que ce 3ème EP au delà des avis de mon entourage sera une passerelle pour y arriver.
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Tu es quel genre de rappeur ? Passionné, jemenfoutiste, engagé…..?
Je pense que des trois termes celui qui me décrirais le mieux c’est passionné. C’est peut être fort ce que je vais dire, mais le rap et la musique, c’est vraiment un gros morceau de ma vie. Quand j’écris pas ou je m’enregistre pas (ce qui est rare en ce moment). Je suis constamment en train d’écouter des nouveaux artistes, je vais sur youtube je check les clips de la journée, j’écoute les albums le vendredi sur spotify, je lis les paroles, les interviews, je décortique les morceaux bref à 100% dedans quoi. Je trouve ça fascinant ce qu’est devenu le rap à l’heure actuelle, notamment la scène francophone (parce que les USA c’est un autre monde), il y a tellement de rappeurs talentueux qui perçent, avec des styles différents, des univers, des ambiances, des thèmes souvent partagés, puis il y aussi l’avènement des belges et des suisses qui renforcent la musique francophone et la diversité. Bref, il se passe pas un jour sans que je découvre un nouveau truc c’est top . Le streaming et Youtube y sont pour quelque chose et je trouve ça génial. Aujourd’hui n’importe qui peut faire du son et le partager avec la terre entière, j’en suis le premier exemple.
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D’où te vient ton goût pour le rap ?
En premier lieu je dirai que j’ai un goût très prononcé pour la musique, et je le dois à mes parents. À la maison, quand j’étais petit il y avait en permanence de la musique, du funk, de la soul, du jazz, du rock, du reggae. Quand j’avais 3 ans, j’allais à des concerts de Jazz in Marciac. À 7 ans j’ai commencé la batterie, bref, j’ai rapidement baigné dans la musique et je me suis facilement fait une bonne culture musicale grâce à mes parents. Ma passion pour le rap c’est arrivé plus tard, au lycée je pense quand j’ai commencé à découvrir des classiques comme Lunatic, Sages poètes de la rue, Kery James, FF, KDD et que j’ai commencé à écouter les nouveaux rappeurs des USA du style Curren$y, Joey Bada$$ etc… J’ai rapidement compris qu'avec le rap tu pouvais tout faire, et que il n’y avait aucune limite, ce qui m’a donné rapidement envie d’en faire en plus d’en écouter. Aujourd’hui quand je m’enregistre et écris c’est un peu comme un remède, une thérapie, je pose mes pensées, mes objectifs, mes rêves, mes déceptions sur une feuille et ça va mieux. C’est devenu un peu comme un besoin de faire du rap, d’écrire, d’enregistrer. Certains vont chez le psy, moi je rap (rires).
Il y a quelques mois tu sortais l’EP « Crépuscule » pourquoi sortir un nouvel EP si rapidement ?
Lorsque j’ai sorti mon premier EP « coucher de soleil », j’étais à mes débuts dans le rap, j’avais acheté un petit micro premier prix et je m’amusais sur des beats soundcloud à m’enregistrer, juste pour le délire. Puis j’ai décidé de sortir « Coucher de soleil » sans grande prétention, j’ai même fait zéro promo, seulement mes proches savaient que rappait. Seulement avec le temps j’ai pris goût, à écrire, à rapper, puis mes proches me disaient que c’était pas si mauvais ce que je faisais, j’ai donc voulu sortir un autre projet, différent et plus professionnel et je me suis orienté, vers un studio à Toulouse, j’y ai appris beaucoup de choses, j’ai testé beaucoup de nouvelles choses, et c’est le résultat de mon 2ème EP « Crépuscule ».
Le studio c’est bien, c’est pro, mais ça coûte de l’argent (que je n’avais pas cette année) puis il y a toujours un facteur temps que je déteste, tu payes à l’heure donc c’est contraignant, j’aime prendre le temps de tester des choses, de revenir sur un morceau, j’ai donc décidé cette année de tout faire tout seul, de me chercher vraiment dans la musique, de gérer le projet de A à Z. Pour résumer ce 3ème EP « Drapeau à damier » c’est le résultat de plusieurs étapes, de longues recherches pour savoir dans quelles directions je voulais aller dans la musique et je pense que ça s’entend par rapport aux autres projets notamment les sons chantants (que je n’aurais jamais essayés auparavant (rires))
Je l’ai intitulé Drapeau à damier car pour moi aujourd’hui, c’est l’arrivée de quelque chose (fin de mes études, fin de l’amateurisme dans la musique) mais aussi le départ de quelque chose de nouveau (nouvelle vie professionnelle, et en projet de faire quelque chose de vraiment plus pro dans la musique). Disons que cet EP marque pour moi une transition autant musicale que personnelle.
Dans ce troisième projet, deux titres sont des collabs (feat avec Jacob Keynes et avec Ystroy) qu’est-ce que ça fait de partager le micro avec quelqu’un d’autre?
C’est vraiment cool, pour moi, la musique c’est avant tout du partage, et les featurings c’est vraiment l’accomplissement de ce partage. Quand on a posé pour les deux sons, chacun à apporter son truc, sa technique, ses idées et au final les forces s’additionnent et le morceau prend du poids. Jacob Keynes, c’est un pote d’un de mes meilleurs potes, ils sont venus chiller un soir chez moi, je lui ai fait écouter mes sons et il m’a dit qu’il faisait du rap lui aussi, il a mis une instru et a commencé à chantonner un truc, j’étais totalement sur le cul, je lui ai dit que je voulais enregistrer ce truc avec lui, on a commencé à enregistrer le son, ça nous a pris une bonne partie de la soirée mais c’était une bonne expérience, j’ai un super feeling avec lui, j’espère qu'en montant sur Paris cette année, on sera amenés à refaire des sons ensemble et à s’entraider dans la musique car comme il dit il faut keepthefamilycloser. Pour Ystroy c’est différent, c’est un mec qui a fait ses classes dans le rap, il a fait la scène du Bikini pour les curiosités il a fait la première partie de OGmaco et de A$AP Nast, j’ai depuis un moment envie de faire un featuring avec lui car j’aime son style et le fait qu’il rap en anglais. On s’est croisé en soirée, il avait écouté mes précédents projets, je lui ai parlé d’une possibilité de featuring, le lendemain il était chez moi et on enregistrait Cherry en bouffant des cerises (d’où le titre (rires)). J’espère qu’il va prendre conscience du talent qu’il a pour enregistrer un EP car il a un talent monstre et zéro concurrence en France dans son domaine. Les featurings c’est vraiment génial, j’ai en projet, dans le futur d’enregistrer avec des chanteurs ou chanteuses pour les refrains par exemple et de continuer mes bails avec d’autres rappeurs, faut agrandir les connexions. Pourquoi pas à terme, monter un duo ou un groupe car c’est vraiment un truc cool de rapper à plusieurs, c’est un peu ce qui m’a manqué ces dernières années sur Toulouse…
Pour terminer, est-ce que tu pourrais nous donner tes deux références préférées dans le rap ?
Aie, c’est une question super dure que tu me donnes là, je pense pas pouvoir donner seulement deux noms mais je vais donner quelques unes de mes influences :
Coté Rap US : j’écoute beaucoup du récent même si les classiques comme Dr.Dre, 2pac et Biggie sont magiques. Donc coté US en premier je citerai J.Cole pour son énorme talent, puis Isaiah Rashad, A$AP Rocky, Playboi Carti, SABA, Tyler the Creator, Trippie Redd, XXXtentacion, Lil Peep (Rip à eux deux), Smino, Travis Scott, Curren$y, Mac Miller… La liste pourrait faire 30 pages tellement il y a de rappeurs que j’aime aux USA.
Coté Rap UK : Rejjie Snow, Loyle Carner, Last night in Paris sont des artistes que j’adore aussi.
Coté francophone : La diversité est immense, mais si je devais te citer quelques noms je dirai : Nekfeu, Joke, Roméo Elvis, Lomepal, Caballero (en solo car j’aime pas trop ce qu’il fait dans Double Hélice), Hamza, Ninho, Laylow et d’autres artistes moins connus comme, Nelick, Zamdane, Josman, Tengo John qui ont un style proche du mien et que j’apprécie beaucoup.
Je remercie Elpea pour son temps et ses réponses enrichissantes. Big up à toi, vraiment.
Je tiens également à souligner le travail sublime de Pierre Amilhat et de ses photos à l'argentique. Vous pouvez le retrouver sur Instagram : @pehattitude ou cliquer sur l'icône insta juste en dessous. Allez checker ça sans déconner.
Les p'tites infos
Juste à côté je vous mets une sélection made in moi-même de mes titres préférés du troisième EP d'Elpea. J'ai écrit quelques mots sur ce que me faisait ressentir chacun des morceaux alors si tu veux y jeter un œil tu dois cliquer là-dessus :
Sur ordi :
Sur mobile :
N'hésitez pas à aller l'écouter, c'est même complétement conseillé!
Pour ce faire, retrouvez toutes les infos d'Elpea dans le carré ci-dessous
